« Gagné ! » Ce cri de victoire de l’enfant au terme d’un jeu traduit sa jubilation d’avoir été le meilleur. Il ne viendrait à l’idée de personne de s’en indigner. Vouloir être le premier : c’est le désir avoué de l’enfant, c’est le désir souvent dissimulé de l’adulte. Jacques et Jean, fils de Zébédée, nous ressemblent au fond quand ils veulent siéger à droite et à gauche de Jésus dans sa gloire :
y a-t-il de meilleures places ?
La difficulté pour eux – comme pour les autres disciples – c’est d’accepter cette proximité avec Jésus en route, dans ce parcours ardu qui mène jusqu’en la gloire : sur le chemin de la Passion, il n’y a pas de raccourci : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? »
Comment ne pas se rappeler la demande de Jésus lui-même :
« Père, tout est possible pour toi, éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Mc 14, 35) Si la coupe de la souffrance n’est pas désirable, le désir suprême auquel Jésus nous invite à adhérer, c’est la volonté du Père. On ne peut renoncer à soi-même que pour un bien supérieur, la certitude que rien de meilleur n’existe pour chacun de nous que la volonté de Dieu.
Ainsi comprenons-nous le service dans lequel Jésus nous invite à le suivre : aucune commune mesure avec la satisfaction limitée de faire du bien aux autres ; bien plutôt, un véritable renoncement à soi-même à la suite de Jésus, où le don de soi s’identifie à l’offrande de notre vie à Dieu. « Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux. » (2 Co 5,15)
P. François Contamin
UN POUR TOUS, TOUS POUR DIEU