Nous avons un nouveau Pape ! François. Son élection nous remplit de joie ! Quels défis aura-t-il à relever ? Les journaux n’ont pas manqué ces derniers jours de tracer les contours des chantiers à venir. Mais faut-il le rappeler, bien que la couverture médiatique mette aujourd’hui le Pape au-devant de la scène, le successeur de Pierre ne gouverne pas seul. De même que les apôtres formaient un groupe au sein duquel une prééminence revenait à Pierre, de même les évêques forment un Collège au sein duquel le Pape exerce une primauté. En communion avec ce Collège, il continuera à remplir sa triple mission d’enseigner la foi authentique, de garantir les conditions du culte rendu à Dieu et de servir l’unité de l’Église.
C’est bien dans notre monde actuel que sa mission se réalisera, et plus précisément, dans une Eglise catholique par endroit fragilisée, dans un monde en pleine mutation et une société de plus en plus sécularisée. Des défis l’attendent : persécution des chrétiens d’Orient, enjeux éthiques, contestation interne à l’Eglise. En effet, certains fidèles souhaiteraient une « purification » de l’intérieur. « C’est vrai, souligne Cardinal Barbarin,l’Eglise, c’est le corps du Christ prolongé dans le temps et l’espace. Quand l’Eglise composée de pêcheurs trahit ostensiblement son Seigneur et l’Evangile, c’est une honte ». Précisément le nouveau pape devra tenter de toucher les croyants qui se sont éloignés de l’Eglise pour diverses raisons : perte de confiance après certains scandales que nous connaissons, désir croissant d’autonomie et individualisation des comportements, désaccords sur les sujets de morale familiale.
Les inquiétudes pour la famille ne touchent pas seulement l’Europe ou plus largement l’Occident. Le cardinal sud africain Wilfrid Napier le disait : « le principal défi en Afrique est d’être plus efficace face à la désintégration des familles et des communautés, notamment en raison de la violence, du sida, de la pauvreté et des conflits. »
En Europe, les positions de l’Eglise de morale familiale ne sont pas toujours comprises. Comme le soulignait le cardinal Barbarin : « L’enjeu est de faire comprendre la vérité et la force de la parole de Dieu. L’enseignement de l’Eglise découle de cette parole vivante. Malheureusement, ce que la Bible appelle la Torah (un enseignement) et les « paroles de vie », on en fait « la Loi » et « les commandements ». Jean-Paul II avait longuement expliqué la loi de la gradualité, qui montre à la fois la vérité de cette Parole et le chemin à parcourir pour qu’elle imprègne notre vie. C’est une notion essentielle, et peut-être un enjeu crucial pour la crédibilité de l’Eglise, aujourd’hui ».
Au-delà de ses propres frères et soeurs, le saint Père est aussi attendu sur sa capacité et sa volonté de dialoguer avec les autres cultures, les autres religions, et dans une certaine mesure, de s’adresser aussi aux non-croyants. Qu’il s’agisse de la défense de la doctrine sociale, des questions d’immigration et d’écologie, le discours de l’Eglise peut en effet être audible au-delà du seul cercle des croyants.
Le dialogue doit se poursuivre avec l’Islam. Comme le rappelait dernièrement Benoit XVI, les relations avec le monde musulman sont un enjeu majeur. Nous avons vécu de très beaux moments de dialogue et de graves incompréhensions, avec en outre de terribles blessures, notamment au Moyen-Orient. Les mutations idéologiques au sein de l’islam ont entraîné la multiplication des conflits où le christianisme est victime de la radicalisation de certains musulmans.
Enfin, l’autre défi est celui de la progression des milieux évangéliques, dans de nombreuses parties du monde. Le pape doit avant tout être « le rocher de l’unité » dans l’universalité de l’Eglise, avec une attention toute particulière pour les nations pauvres et lointaines.
Nous le savions, les défis sont immenses pour le successeur de Pierre. Prions pour lui avec l’assurance que Jésus conduit son Eglise à travers notre histoire toujours mouvementé .
Père Emmanuel Végnant
Habemus Papam !