Aujourd’hui, nous entrons solennellement dans l’église, rameaux en main, acclamant comme les premiers disciples le triomphe du Christ, le Messie, qui arrive à Jérusalem : Toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus. (Lc 19,37) A cette joie des disciples répondent les pleurs de Jésus : Quand Jésus fut près de Jérusalem, en voyant la ville, il pleura sur elle. (v.41) Ce n’est pas souvent, dans l’Evangile, qu’on voit Jésus pleurer – une autre fois, seulement, face à la mort de Lazare. Ici, comme pour Lazare, Jésus vit déjà le deuil de Jérusalem: Tes ennemis ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait. (v.44)
Reconnaître ce moment de la visite de Dieu : rien d’évident dans notre vie bousculée où – nous le disons souvent – « je n’ai pas vraiment le temps de prier ». Et pourtant, si nous pouvions retrouver cette attention première à la visite de Dieu comme celle qui peut orienter chacune de journée, notre vie en serait transformée. Le pape François, lors de sa première messe comme évêque de Rome, traduisait cela par garder le Christ dans notre vie, à l’exemple de Joseph : « Et Joseph est «gardien», parce qu’il sait écouter Dieu, il se laisse guider par sa volonté, et justement pour cela il est encore plus sensible aux personnes qui lui sont confiées, il sait lire avec réalisme les événements, il est attentif à ce qui l’entoure, et il sait prendre les décisions les plus sages. En lui, chers amis, nous voyons comment on répond à la vocation de Dieu, avec disponibilité, avec promptitude, mais nous voyons aussi quel est le centre de la vocation chrétienne : le Christ ! Nous gardons le Christ dans notre vie, pour garder les autres, pour garder la création ! »
Ne faudrait-il pas retrouver, en cette Semaine Sainte, cette attention à la visite de Dieu qui inscrit nos vies dans la joie de sa présence ? Nous sommes invités à vivre la mort et la résurrection du Christ afin de garder cette présence, afin que nos vies soient visitées, habitées par Dieu. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire. (Isaïe 50, 5)
Père François Contamin
Et Jésus pleura