Fête du Christ-Roi. Solennité de la souveraineté du Christ sur tout l’univers. Célébration du Messie de la lignée de David choisi pour guider son peuple vers la paix et la justice, pour qu’il ait la vie. Le lieu de la célébration a de quoi nous surprendre : le rocher du Golgotha, la croix.
Et pourtant, c’est bien là que la royauté de Jésus est affirmée, et même gravée sur un écriteau : « Celui-ci est le Roi des Juifs ».
Mais dans la folie de la croix, qui pourrait comprendre le sens de cette royauté ? Un homme, au moins, la pressent : un des malfaiteurs qui partage la situation de Jésus. Il sait, lui, que le salut n’est pas dans la fuite, que la mort ne peut être éludée et que la Passion de Jésus est la porte d’entrée de son règne. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que ce règne n’attend pas : pour lui, le malfrat, le condamné, il est ouvert aujourd’hui. Il nous faut prendre la mesure des paroles de l’Evangile : celui qui était le plus loin devient le plus proche, celui qui était mis au rebut de l’humanité devient le premier des sauvés, celui qui était réprouvé de tous devient le modèle des croyants. Ce grand écart du salut, ce bond de la foi nous ouvre à la mesure du règne du Christ. Il n’est pas la chasse gardée d’une société de bienfaisance, il n’est pas le domaine réservé de ceux qui auraient déjà choisi le bon côté, il est la porte ouverte à ceux qui regardent vers le Crucifié et reconnaissent en lui un amour capable de sauver le plus éloigné. « Règne sans limite et sans fin » dit la Préface d’aujourd’hui – parce que l’amour miséricordieux n’a ni limite ni fin. Soyons donc fiers de ce « bon larron » qui nous précède en Paradis et nous en désigne l’entrée. De lui, saint Jean Chrysostome disait :
N’ayons pas honte de recevoir comme docteur celui que notre Seigneur n’a pas eu honte d’introduire le premier dans son paradis.
Père François Contamin
MALFAITEUR et DOCTEUR