La lèpre est une maladie terrible. Non seulement elle affecte le corps, mais elle exclut de la société. A l’époque de Jésus, comme à celle de Moïse, les lépreux doivent se tenir à l’écart des villes et des villages, et faire tinter leur clochette si quelqu’un s’approche d’eux. Même la vie religieuse leur est interdite, puisqu’ils ne peuvent entrer dans une synagogue. Pour « couronner » le tout, on croit communément que leur mal est le fruit de leurs péchés.
Lorsque le lépreux de l’Évangile s’approche de lui, alors qu’il n’en a pas le droit, Jésus aurait dû s’éloigner. Mais il se laisse toucher dans son cœur, « saisi de compassion », et il le « touche » avec sa main. Loin de contracter la maladie, il communique au malade sa bonne santé, sa vie.
La lèpre n’est pas le fruit du péché, mais elle le symbolise parfaitement : comme la lèpre détruit et défigure les corps, le péché détruit et défigure les âmes. Comme la lèpre rend insensible et ouvre ainsi à tous les dangers, le péché endort la conscience et réduit la capacité de résistance au mal. Comme une petite blessure de lépreux dégénère vite en ulcère, les petits péchés en engendrent de plus grands. Comme la lèpre éloigne des autres, le péché sépare du prochain. Comme la lèpre empêche de mener une vie religieuse, le péché sépare de Dieu.
Le Christ a guéri un certain nombre de lépreux, mais il est venu surtout pour purifier tous les hommes de leurs péchés. Et moi, de quelle forme de lèpre est-ce que je veux être guéri ?
Mercredi, nous entrerons en Carême. Quelle grâce ! Quarante jours pour nous préparer à célébrer la résurrection du Christ ! Quarante jours pour nous convertir et nous laisser purifier ! Attention au volontarisme: la conversion ne peut être le fruit de nos seuls efforts, elle est avant tout le don de Dieu. Le lépreux de l’Évangile l’a bien compris : il supplie Jésus et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Admirons sa foi, son audace, son humilité.
Nous aussi, pendant le Carême, prosternons-nous devant le Christ, et demandons-lui de nous purifier de tous nos péchés : nos manques d’amour, d’espérance, de foi, de courage, de justice, de tempérance… Alors, nous connaîtrons la joie immense d’une plus grande communion avec le Seigneur, et les uns avec les autres. Bon Carême à tous, confions-nous mutuellement au Christ qui a compassion de nous !
P. Arnaud
« Si tu le veux, tu peux me purifier »