Non, elle n’est pas d’ici, la royauté de Jésus. Étrangère au monde, à sa logique sécuritaire : Si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. (Jn 18,36)
En ces jours marqués par la terreur, nous voudrions bien être rassurés, mais notre monde n’a rien de réconfortant. Nous cherchons alors en tâtonnant des points d’appui sûrs : sécurité renforcée, unité nationale, volonté réaffirmée de paix, recherche de fraternité, … Autant de biens que nous valorisons à juste titre, mais dont la fragilité éclate au grand jour.
Il faut donc nous hisser plus haut encore : rendre témoignage à la vérité. Accepter d’abord la distance entre elle et nous-mêmes, puis nous laisser entraîner par elle, et enfin lui appartenir : « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
Qu’elle est dure à écouter, cette voix ! Elle ne règne pas par les décibels, par le temps d’antenne, par le nombre de followers dans les réseaux sociaux, ni même par la juste émotion collective. Elle règne au plus profond, quand nous devenons capables d’embrasser l’humanité entière dans un même amour, elle règne quand chacun se sent appelé au service de ses frères, elle règne quand l’exigence de justice oriente vers la conversion et ouvre la possibilité d’un pardon.
Sa royauté est une royauté qui ne sera pas détruite. (Dn 7,14)
Cette royauté-là ne sera pas détruite ? Non. Elle n’est pas liée aux contingences matérielles, aux structures sociales ou aux réalités économiques. Elle est spirituelle, c’est-à-dire qu’elle appartient au Christ et nous relie à Dieu. Dans ce lien invisible de communion réside sans aucun doute notre plus grande sécurité : là, dans le secret, germe la vie éternelle.
Père François Contamin
D’ailleurs