En format PDF : 4ème Billet Carême
1Samuel 16,1b.6-7.10-13a, Ps 22, Ep 5,8-14, Jn 9,1-41
Jésus et un aveugle de naissance
https://www.youtube.com/watch?v=E8tgdh3R1sE
La Parole de Dieu du Carême de cette année (« A ») nous conduit sur le chemin du Baptême. Le récit de la guérison de l’aveugle-né contient beaucoup d’éléments qui, mis ensemble constituent une catéchèse sur le baptême, porte d’entrée de la vie dans la foi.
Certains d’entre nous se préparent au Baptême, les autres s’apprêtent à renouveler leur foi baptismale. La Parole de ce dimanche est une
lumière pour nous tous.
En ce 4ème Dimanche de Carême, nous sommes témoins de la rencontre de Jésus avec un homme aveugle de naissance, à la sortie du temple de Jérusalem. Tous les évangiles rapportent des guérisons d’aveugles. Celle décrite par Jean (9,1-41), mérite une attention particulière. Elle présente l’itinéraire complet de la foi. Jésus prend l’initiative, il va à la rencontre de l’homme là où il se trouve, il ouvre devant lui le chemin du salut et en fait son disciple.
Saint Paul dit que « la foi naît de ce que l’on entend ; et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ. »
(Rm 10,17) L’aveugle de l’évangile en est un exemple. Dans le sens biblique, « écouter » signifie « obéir ».
L’évangile d’aujourd’hui nous fait comprendre que la foi née de l’écoute conduit à une nouvelle manière de voir ; c’est la question du regard.
Dans le premier livre de Samuel nous lisons aujourd’hui : « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » (1S 16,7)
Croire, c’est regarder comme Dieu regarde !
1. Nouvelle vue – nouveau regard
Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » (Jn 9,37)
Pour comprendre la transformation de l’aveugle de Jérusalem il est intéressant de comparer sa guérison avec celle de Bartimée, l’aveugle de Jéricho (cf. Mc 10,46-52).
Bartimée n’est pas un aveugle de naissance. Il sait ce qu’il a perdu. C’est pourquoi il crie. Il cherche à rencontrer Jésus. Il demande à retrouver la vue : « Maître, fais que je voie de nouveau. » (Mc 10,51).
L’homme de Jérusalem ne crie pas, il ne demande rien. Il n’a jamais connu un autre monde que les ténèbres. C’est Jésus qui le voit et il fait le premier pas.
Bartimée a retrouvé la vue qu’il avait perdue.
L’aveugle-né a reçu de Jésus une vue tout à fait nouvelle. Il devient capable de regarder avec les yeux de Jésus. Notre foi consiste à regarder comme Jésus regarde.
Jésus veut partager avec nous son regard. Pour ce faire, il nous faut fixer notre regard sur Jésus, et Jésus Christ crucifié. Il nous faut souvent et longtemps regarder Jésus dans les yeux, jusqu’à s’approprier sa manière de voir.
Dans la lumière de l’évangile croire c’est recevoir la vue de Jésus. Par conséquent : croire, c’est regarder soi-même, les autres et le monde avec les yeux de Jésus.
Dans la Règle de vie des Oblats de Marie Immaculée nous lisons : « À travers le regard du Sauveur crucifié nous voyons le monde racheté de son sang. » (Constitution 4)
2. Nouvelle création
Jésus cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle. (Jn 9,6)
Ce geste de Jésus fait référence au récit de la création. « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol. » (Gn 2,7) L’homme aveugle est à nouveau créé. Jésus ouvre devant lui une nouvelle vie. C’est aussi ça la vie dans la foi : la rencontre avec Jésus fait que nous commençons une nouvelle vie, nous devenons une nouvelle création. C’est un don de Dieu. Il n’y a que Dieu qui peut créer.
« Désormais nous ne regardons plus personne d’une manière simplement humaine : si nous avons connu le Christ de cette manière, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. » (2Co 5,16-17)
3. Obéissance de la foi
Jésus lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. (Jn 9,7)
Après avoir appliqué de la boue sur le visage de l’aveugle, Jésus ne lui dit pas : « Va te laver et tu verras. » Il ne fait aucune promesse. L’homme reste aveugle comme il était depuis sa naissance.
Pourquoi alors cet homme obéit ? Pourquoi il se risque sur un sentier tortueux sans aucune certitude de résultat ? Il n’est pas guéri et il n’attend toujours rien de Jésus. Nous pouvons déduire que c’est l’attitude initiale de Jésus qui l’a mis en confiance. Malgré les soupçons des disciples, Jésus ne voit pas son malheur comme conséquence de son péché ou de celui de ses proches. Tandis qu’aux yeux de tous la maladie de cet homme l’accuse, Jésus lui manifeste tout son respect : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. » (v.3). Jésus vit un homme, et il le regarde avec le cœur. Alors l’homme au visage sale, signe de son ancienne vie, se met en route vers la piscine de Siloé (« Envoyé »).
Dans sa première encyclique Lumen fidei (La lumière de la foi) le pape François écrit : La foi « voit » dans la mesure où elle nous met en route (comme Abraham) (cf. Lumen fidei 9).
La foi est une vue qui s’ouvre de plus en plus à condition de se mettre en route et d’avancer sur le chemin éclairé par la Parole de Dieu.
Si tu te mets en route, tu verras les merveilles de Dieu, tu verras sa fidélité. Mais si ta foi ne te fait pas marcher, tu ne verras rien. C’est chemin faisant que tu découvres comme Dieu est fidèle, comme il tient la parole.
Quand l’homme aveugle se lavait dans la piscine de Siloé, la première chose qu’il a vue c’était d’abord une grande œuvre de Dieu : son visage.
La marche de cet homme ne s’arrête pas là. Après sa guérison il revient au temple. Son chemin de foi continue et il s’éclaire de plus en plus.
4. Relation à Jésus Christ
« Qui est-il pour que je croie en lui ? » (Jn 9,36)
En suivant le chemin de cet ancien aveugle nous découvrons l’évolution de sa relation à Jésus. Plusieurs fois il est interrogé au sujet de celui qui l’a guéri.
D’abord il répond : « L’homme qu’on appelle Jésus… » (v.11)
Puis : « C’est un prophète. » (v.17)
Enfin : « Je crois, Seigneur ! » (v.38)
L’homme finit par professer sa foi en appelant Jésus « Seigneur » (Κύριος – Kyrios), le titre réservé à Dieu. Puis, il se prosterne devant Jésus.
5. Le chemin de foi
Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » (Jn 9,35)
Le chemin de cet homme ne s’arrête pas au moment de sa guérison, et même pas au moment où il se prosterne devant Jésus. Après le récit de cet événement nous lisons le chapitre 10 de l’Évangile de Jean qui parle de Jésus Bon Pasteur. Jn 10,21 témoigne que Jésus fait de bonnes choses et il ouvre même les yeux des aveugles. Puis, Jésus parle de ceux qui deviennent ses disciples : « Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent. » (Jn 10,27)
L’ancien aveugle a retrouvé la vue. Il a reconnu en Jésus son Seigneur. Et maintenant, il va le suivre comme Bon Pasteur. C’est ici que s’achève vraiment l’histoire de la guérison de l’aveugle de naissance. Désormais il se laisse conduire par la Lumière de la vie.
Voici comment l’histoire de cet homme nous montre le chemin de foi :
- J’écoute la Parole de Dieu.
- Obéissant à la Parole, je me mets en route.
- Quand je me mets en route, je commence à voir à la manière de Jésus.
À ce moment-là la foi n’est plus une rencontre avec l’eau qui guérit mais la rencontre avec Jésus Christ. C’est ainsi que la vie professe la foi en Jésus Christ.
L’homme de l’Évangile n’était pas plongé dans l’eau mais en Jésus Christ. Maintenant il mène une vie nouvelle : il regarde avec les yeux de Jésus et son cœur bat au rythme du cœur de Jésus.
Bien fraternellement
Père Wojtek omi
Quatrième billet de Carême : Lumière de la vie