Si les textes de l’année liturgique C ont été choisis pour ce carême dans votre paroisse, vous aurez ce week-end l’évangile de la femme adultère. Si ce n’est pas le cas, il ne reste plus qu’à le relire en saint Jean chapitre 8 pour saisir le propos de cet éditorial. Faisons comme si vous le connaissiez sur le bout des ongles. Une meute d’accusateurs accule devant Jésus une femme convaincue d’adultère. Il est fort probable que leur accusation soit fondée. Cependant le lecteur est choqué par trois éléments : le premier est qu’il est choquant qu’une inculpée soit déjà jugée avant de pouvoir présenter sa défense. Le deuxième est qu’elle est seule et que son amant soit absent de la scène. Le troisième est qu’on utilise ce cas de mœurs pour mettre en difficulté Jésus. La violence de la scène vient de ce comportement de meute qui fait haro sur le baudet, sur cette femme qui risque au moindre prétexte d’être lapidée de la manière la plus barbare qui soit. Elle nous apparaît sous les traits d’une bête traquée que l’imbécilité d’une foule excitée menace.
Il existe une communion pervertie de la masse, qui fond en elle-même les plus bas instincts. Combien d’hommes se sentent forts parce qu’ils aboient de concert, pour mieux masquer leur lâcheté ! A notre époque et dans notre pays, on assiste parfois par télévision interposée au même type de lynchage.
A l’inverse la communion dans l’Eglise exige de ne pas entrer dans un comportement de masse monstrueux, mais l’adhésion personnelle et réfléchie. L’idée de groupe n’est absolument pas critiquée, mais au contraire promue, mais à la condition qu’il s’agisse d’une communion de personnes, qui ne peuvent diluer la responsabilité personnelle dans ce Léviathan informe qu’est la meute. L’assemblée de l’Eglise n’est pas celle de la meute des loups, ni celle des soubresauts de la masse. La violence unit les accusateurs de la femme adultère ; l’Esprit Saint les disciples du Christ.
P. Antoine DEVIENNE
Loi des loups, loi de la communion