« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15,34)
À midi, l’obscurité se fit sur la terre entière, qui dura jusqu’à trois heures et, à trois heures, Jésus poussa un grand cri : « Eloï, Eloï, lema sabachthani ? » qui signifie « Mon Dieu,
mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
À ce moment crucial, on a ces mots de pure désolation. Ici, ce qu’on entend, c’est un cri de souffrance et de solitude. Est-ce une question sans réponse ? Y a-t-il quelque chose à ajouter ?
Ces mots terribles de Jésus sont une citation du Psaume 22. Quelqu’un, plusieurs siècles auparavant, avait connu l’angoisse et avait écrit ces mots. Maintenant, Jésus les reprend et se les approprie. Il fait l’expérience de la même désolation. Même l’expérience de l’absence de Dieu est, d’une certaine manière, assumée au cœur de la vie de Dieu.
Quand nous balbutions des mots d’angoisse totale, nous nous rappelons que Jésus les a faits siens, sur la croix. Et quand nous ne trouvons plus aucun mot, quand nous ne pouvons même plus pousser un cri, alors nous pouvons nous emparer du sien.
Psaume 22(21)
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis.
Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n’ai pas de repos.Toi, pourtant, tu es saint, toi qui habites les hymnes d’Israël !
C’est en toi que nos pères espéraient, ils espéraient et tu les délivrais.
Quand ils criaient vers toi, ils échappaient ; en toi ils espéraient et n’étaient pas déçus.Et moi, je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple.
Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »C’est toi qui m’as tiré du ventre de ma mère, qui m’a mis en sûreté entre ses bras.
À toi je fus confié dès ma naissance ; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.
Ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider.Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m’encerclent.
Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi.Je suis comme l’eau qui se répand, tous mes membres se disloquent.
Mon cœur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles.
Ma vigueur a séché comme l’argile, ma langue colle à mon palais.Tu me mènes à la poussière de la mort.
Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ; je peux compter tous mes os.Ces gens me voient, ils me regardent.
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
Préserve ma vie de l’épée, arrache-moi aux griffes du chien ;
sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles.Tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur,
glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d’Israël.Car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ;
il ne s’est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte.Tu seras ma louange dans la grande assemblée ;
devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent :
« À vous, toujours, la vie et la joie ! »La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! »Tous ceux qui festoyaient s’inclinent ; promis à la mort, ils plient en sa présence.
Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître :Voilà son œuvre !
Bien fraternellement
Père Wojtek omi
Sept paroles du Christ : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné»