Semaine du 3 mai au 9 mai 2020 – Année A
Ac 2, 14a.36-41; Ps 22 ; 1P 2, 20b-25 ; Jn 10, 1-10
En cette période de pandémie, c’est la 1ère lecture de ce dimanche qui m’interpelle. Dans les Actes des Apôtres nous continuons le discours de Pierre à Jérusalem au matin de la Pentecôte, commencé dimanche dernier. La tâche de Pierre est d’ouvrir les yeux
de cette foule de pèlerins rassemblée pour la fête du don de la Loi. Ceux qui l’écoutent sont « touchés au cœur » et demandent très humblement : « Frères, que devons-nous faire ? » La réponse est toute simple : « Convertissez-vous » et s’en suit une petite catéchèse du Baptême.
Baptisés, nous sommes aussi, et toujours, appelés à une conversion de nos vies. Se convertir, c’est se retourner, reconnaître qu’on a pu se tromper de chemin, c’est décider de suivre le bon chemin. La pandémie nous fait prendre conscience de la vulnérabilité de l’homme, que nous avions un peu oubliée. Les contraintes du confinement sont peut-être l’occasion de réfléchir à comment quitter nos manières de faire mortifères pour inventer un nouveau projet de vie. En 2013 déjà, quelques mois après son élection, le pape François commençait ainsi son exhortation apostolique, la Joie de l’Évangile : « Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. » Le rétrécissement du « dehors » auquel nous sommes confrontés peut favoriser la réappropriation du « dedans », par l’approfondissement de ces biens communs que sont les relations humaines et la solidarité. Dans son message de Pâques aux mouvements et organisations populaires, le pape François s’exprime ainsi : « Je veux que nous pensions au projet de développement humain intégral auquel nous aspirons, fondé sur le rôle central des peuples dans toute leur diversité et sur l’accès universel aux trois T que sont Terre, Toit et Travail. J’espère que cette période de danger nous fera abandonner le pilotage automatique, secouera nos consciences endormies et permettra une conversion humaniste et écologique pour mettre fin à l’idolâtrie de l’argent et pour placer la dignité et la vie au centre de l’existence. Notre civilisation, si compétitive et individualiste, avec ses rythmes frénétiques de production et de consommation, ses luxes excessifs et des profits démesurés pour quelques-uns, doit être freinée, se repenser, se régénérer. » A notre niveau, que pouvons-nous faire ? Donner la priorité au temps sur l’espace (quitter l’immédiateté, privilégier le local), donner plus de place à l’être et moins à l’avoir, favoriser le bien commun au détriment du « chacun pour soi » et, surtout, donner plus de place à la spiritualité, afin de prendre conscience que Jésus est le chemin, la vérité et la vie !
François Demaison, diacre permanent