Quelque part, dans une rue de Fontenay-sous-Bois,
– Madame Ledoux, vous avez vu les résultats de dimanche dernier ?
– Oh, docteur Delaplace, ne m’en parlez pas. Ça a mis la pagaille dans ma famille : rendez-vous compte : j’ai un petit-fils qui est militant « d’En Marche » qui traite son cousin de Nœuds-Lez-Mines de fachiste parce qu’il a soutenu Madame LE PEN, alors que leur cousine Myriam est, quant à elle, une Mélechoniste passionnée. Les parents de cette dernière, Pierre et sa femme Sabine sont des sympathisants de Benoît HAMON. Le frère de Sabine, mon dernier, Albert était pour François FILLON. Dire qu’on va se retrouver samedi pour la confirmation de son aîné, Sébastien.
– Vous craignez une dispute autour des petits fours ?
– Oui, docteur, sans compter que la jeune génération, – j’entends par là, celle des parents et des petits enfants – n’arrête pas de s’envoyer des mails et des messages sur les réseaux sociaux pour célébrer la victoire de la République ou pour prédire l’effondrement de la Démocratie. C’est terrible, d’autant plus que si je souris à l’un plutôt qu’à l’autre, ils vont croire que je prends parti. Les jeunes sont tellement sensibles aujourd’hui. De mon temps, c’était plus simple, on ne choisissait pas un candidat comme un yaourt. Une fois qu’il était élu, on se mordait parfois les doigts, mais on rentrait dans le rang. Faut pas oublier qu’on choisit des Gouvernants et qu’on est bien obligé de s’y faire. Tout ce petit monde oublie que la démocratie, c’est point de se choisir celui qui nous obéira, mais bien celui avec qui on devra faire. Vous en pensez quoi, vous ?
– Oh moi, madame Ledoux, j’en pense qu’il ne faut pas confondre le Président de la République avec le Messie. Je suis républicain dans ma tête, mais un peu royaliste dans mon cœur. Je m’explique : pour le bien commun, les affaires du pays ou de l’Europe, je vote pour les gouvernants que la Providence essaie de nous donner. Parfois ils me plaisent, parfois non. Pour le salut, je préfère m’en remettre au Christ. C’est la fameuse histoire du rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
– C’est vrai que vous et votre dame, vous allez à la messe tous les dimanches. C’est pas trop dur d’avoir deux patrons comme çà ?
– Pas du tout. Cela m’évite de confondre les niveaux : M. Macron est, jusqu’à preuve du contraire, notre président. Je prie le ciel de l’inspirer dans le bon sens. Mais, son rôle est limité. Ce n’est pas mon sauveur. C’est ce que dit le Nouveau Testament.
– Et qu’est-ce que je vais leur dire samedi ?
– Madame Ledoux, vous leur direz ce que vous pensez. S’ils ne sont pas d’accord avec vous, vous aurez encore une carte dans votre manche. Ce n’est pas en MELENCHON, en LE PEN, en FILLON, en MACRON, ou en HAMON, ou en quelqu’un d’autre que vous les aimez et priez pour eux, mais en Jésus Christ. S’ils ne le comprennent pas et essaient de vous faire pression pour que vous preniez leur parti en opposition aux autres, le problème n’est pas de votre côté, mais du leur.
– Merci docteur, combien je vous dois ?
À contre-courant