Réussirons-nous à fêter Noël malgré tout ? Pourrons-nous, quelques instants, oublier les mots de la pandémie, le calcul des taux, les prévisions de ce qu’on pourrait risquer et du pire qui semble toujours à venir ? Nous reste-t-il, enfin, quelque droit d’espérer encore ? De nous souhaiter des vœux qui ne sonnent pas faux, mais disent vraiment tout le bien que nous voulons aux autres ? Faut-il pour cela se voiler la face et fuir la réalité ?
Les récits d’évangile qui nous préparent à Noël n’ont rien de contes de fées qui voudraient nous faire oublier la tristesse du quotidien. Ils sont les récits de l’histoire tourmentée de l’alliance entre Dieu et les hommes. Toujours imprévisible parce qu’il est difficile de compter sur l’homme dont le cœur est compliqué et malade (cf Jr 17,9), toujours surprenante parce qu’il est difficile de comprendre les desseins de Dieu dont les pensées sont bien plus élevées que les nôtres (cf Is 55,9).
Trop habitués peut-être aux récits de l’Avent, nous en oublions les points d’interrogation, qu’ils viennent de Dieu : « Est-ce toi qui me bâtira une maison pour que j’y habite ?» – ou bien des hommes : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ?»
De David à Marie, l’espérance est la même, le questionnement aussi : le projet de salut de Dieu se réalisera, mais comment ? Toujours au-delà de nos possibilités et pourtant, jamais sans nous.
Il ne nous reste donc que la confiance pour vivre cette fête. Celle qu’au milieu de notre fragilité humaine, Dieu ouvre un chemin pour notre salut. Notre force n’est pas une tranquille assurance dans nos capacités à surmonter l’épreuve présente, mais la certitude que Dieu fortifie nos âmes pour traverser ce temps dans la foi. C’est le vœu de saint Paul aux Romains que nous pouvons recevoir comme un premier vœu de Noël : que par Dieu, nous soyons rendus forts selon l’Evangile. (cf Rm 16,25)
Père François Contamin
Rendus forts selon l’évangile