Is 7,10-14;8,10, Ps 39 (40); He 10,4-10; Lc 1,26-38
Le mystère de Nazareth
Jusqu’à l’Annonciation, Nazareth n’est jamais mentionné dans la Bible ni dans les livres d’histoire. Sans l’Évangile, on aurait rien su de Nazareth.
Un jour Nathanaël dira à Philippe : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 1,46) Nazareth est un lieu où Dieu n’a pas le droit d’agir. Et ce n’est pas à cause d’une mauvaise conduite de ses habitants.
Rien ne se passe ici. Ici, tout est tellement médiocre, extrêmement ordinaire. Dieu ne fera rien ici. On n’attend rien de Nazareth. C’est un village sans l’avenir promettant. Si on espère un épanouissement, il faut plutôt ailleurs.
Ce qui est impossible à nos yeux, est possible pour Dieu. Le lieu insignifiant, voire méprisable, à bannir, devient le lieu de notre salut. Dieu choisit ce qui est le plus petit et il y réalise de grandes choses !
L’inattendu de Dieu
L’Annonciation se passe dans le plus ordinaire de la vie de la jeune fille de Nazareth. C’est une rencontre avec la Parole de Dieu, la Parole qui se fait chair. Cette rencontre fera en sorte que ce lieu sans l’avenir deviendra la porte du salut pour l’humanité tout entière. Contre toute attente c’est ce lieu que Dieu a choisi, c’est cette fille nommée Marie que Dieu a choisie.
L’Annonciation révèle Dieu de l’impossible :
- De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ?
- Une vierge, peut-elle enfanter un fils ?
Rien n’est impossible à Dieu !
C’est dans l’inattendu et l’impossible que Dieu nous attend avec sa grâce.
C’est un lieu que Dieu a choisi pour moi.
C’est mon Nazareth.
Devant ce qui évoque la malédiction, l’échec, le désespoir, le Seigneur me dit :
« N’aie pas peur ! C’est là que je veux agir avec force ; c’est là que je ferai l’impossible. »
« Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi. » (1Co 1,27-28)
C’est là, dans notre « Nazareth » que Dieu nous attend !
Savais-tu, Marie, savais-tu lorsque tu as dit « oui »,
savais-tu que cela finirait ainsi ?
Savais-tu que ce « oui » devant l’inconnu,
savais-tu que tu aurais à le redire souvent ?
Savais-tu qu’un glaive de douleur transpercerait ton cœur ?
Il t’a fallu dire « oui » lorsqu’il a quitté la maison en te laissant seule.
Il t’a fallu supporter tout le mal qu’on disait de lui.
Tu as sans doute assisté à toutes ces querelles avec les pharisiens
et tu l’as vu monter à Jérusalem où il devait mourir.
Savais-tu, Marie, savais-tu qu’un jour ces paroles déchireraient ton cœur :
« Il mérite la mort ! »
Et tu l’as suivi pas à pas.
Il avait une poutre sur le dos, il grimpait le mont Calvaire.
Tu l’as vu fixé au gibet de la Croix, entre deux malfaiteurs.
Et la foule ricanait. Et les soldats l’insultaient.
Toi, tu ne le quittais pas des yeux.
Tu as senti son dernier souffle, tu as reçu son dernier soupir.
Savais-tu, Marie, savais-tu que l’enfant que tu portais sur tes genoux,
savais-tu que cet enfant que tu allaitais,
savais-tu qu’un jour il reposerait mort sur tes genoux ?
Pouvais-tu savoir qu’une énorme pierre roulerait entre toi et lui
et qu’elle se refermerait sur la mort ? Et il t’a fallu encore dire « oui ».
Chante, Marie, chante ! Chante à mon cœur la joie qui t’envahit.
Il est vivant, ton Fils pour toujours !
Chante, Marie, chante la joie de ton « oui »
qui, chaque jour désormais retentit.
Chante, Marie, chante l’Amour que Dieu a mis dans ton cœur
et dis-moi ton secret.
Apprends-moi à dire « oui » dans la nuit et le doute.
Rappelle-moi que, plus forte que la souffrance et la mort, la vie jaillira.
Redis-moi que de « oui » en « oui », Dieu toujours plus loin m’appelle
et qu’il me fait marcher sur le chemin de l’Amour
où souvent la souffrance à la joie est mêlée.
Amen !
Père Charles Delhez SJ
Annonciation du Seigneur