Le jour même de la résurrection de Jésus « deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs ». L’un des deux s’appelait Cléophas. Nous ne connaissons pas le nom de l’autre. Peut-être c’était une femme? C’est une invitation à nous mettre à sa place et, par conséquent, à parcourir avec les disciples notre chemin de foi.
Dans quel état d’esprit sont les deux disciples ?
Ils sont désespérés et tristes. Leur rêve s’est effondré. Ils ne voient que l’échec. C’est la déception qui domine. « Et nous qui espérions… » Leur désespoir est si profond qu’ils n’arrivent même pas à croire aux témoignages des femmes ni à celui de leurs compagnons. Ce sentiment nous est proche. La déception nous rend aveugles. Face à l’épreuve nous risquons de nous enfermer et de ne voir que ce qui nous a brisés. Et c’est justement au cœur de nos blessures que germe la foi. La lumière surgit dans les ténèbres.
Les disciples s’éloignent de Jérusalem, lieu de la mort et de la résurrection du Christ. Plus le désespoir est grand plus on s’éloigne de l’essentiel. Le désespoir nous met sur le chemin d’errance.
Jésus s’approche et fait route avec eux. Il engage une conversation. Il pose des questions. Il laisse les disciples exprimer leur expérience, leur déception. En fait, les deux disciples racontent à un étranger ce qui est arrivé à Jésus, sa mort et sa résurrection. Au fond, ils racontent l’Évangile, la Bonne Nouvelle. Seulement, ils le font de façon triste. Ce qu’ils racontent n’est pas devenu pour eux source d’espérance. Ils annoncent la Bonne Nouvelle sans y croire. « Comme votre cœur est lent à croire… », dira-t-il Jésus.
Puis, Jésus « leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait ». C’est de la Parole de Dieu que vient la lumière. Ainsi, la foi chrétienne se fonde-il sur l’accomplissement de la promesse du salut. Les disciples, quand ils auront reconnu dans leur compagnon de route Jésus ressuscité, diront : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? »
La Parole de Dieu devient une source de compréhension nouvelle des événements. Jésus nous fait comprendre toutes choses autrement. Il nous offre une lecture pascale des événements de nos vies et de la vie du monde.
« Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. » Les disciples ressentent le besoin de rester proche de leur compagnon de route, le besoin de sa présence. « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Cette invitation est un geste de charité de leur part. Un inconnu, un étranger devient pour eux un ami. Ils ouvrent à Jésus la porte de leur vie ; ils le laisse entrer à l’intimité de leur existence.
« Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. »
Nous y reconnaissons les gestes eucharistiques qui se résument en quatre verbe : prendre, bénir, rompre, donner. Ce sont les paroles de l’institution de l’Eucharistie et en même temps les paroles qui donnent du sens à notre vie de foi. NB. : Cela mérite une autre méditation.
« Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. »
Jésus ouvre la porte de la foi pascale par la Parole et par le geste eucharistique.
Après avoir accumulé l’expérience de la route et l’expérience de la table, les disciples d’Emmaüs recouvrent la vue.
À ce moment-là Jésus devient invisible. Il se manifeste dans la fraction du pain et se fait reconnaître quand il disparaît. Jésus disparaît à la vision extérieure des disciples, et c’est justement dans cette disparition que s’ouvre la vision intérieure : ils le reconnaissent.
Jésus nous ouvre les yeux de la foi en disparaissant aux yeux de la chair. La foi remplace la vue. Elle seule peut confesser la présence spirituelle du Christ ressuscité dans notre monde. C’est ainsi que la reconnaissance du Christ dans notre frère, dans l’autre, dans le différent, est un défi de la foi. C’est ainsi que l’homme devient le chemin de Dieu.
« A l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. (…) Ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain. »
Transformés par la rencontre avec le Christ, les disciples retournent à la source de leur foi. En reconnaissant Jésus, ils deviennent ses témoins, ses missionnaires : ils ne peuvent pas garder pour eux seuls ce qu’ils ont reçu. Ils proclament la Bonne Nouvelle avec foi, conviction et enthousiasme.
Chers frères et sœurs,
Jésus marche à nos côtés. Ouvrons-lui notre cœur en lui confiant notre vie telle qu’elle est. N’hésitons pas à lui dire nos déceptions, nos souffrances, nos doutes, voire notre manque de foi.
Laissons-nous éclairer par sa Parole.
Laissons-le entrer dans notre vie. C’est lui la source d’espérance.
Que notre vie renouvelée par la rencontre avec Jésus Christ ressuscité aide nos frères et sœurs trouver des raisons de croire et d’espérer.
Le Christ est ressuscité, alléluia !
Il est vraiment ressuscité, alléluia !
Joyeuses Pâques à vous tous !
Bien fraternellement
Père Wojtek omi
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Billet de Pâques : avec Jésus sur le chemin d’Emmaüs