C’est l’heure d’aller à la messe. Un peu de précipitation – « La messe commence dans cinq minutes … Où est mon blouson ?… Où sont les clés ?… As-tu pris un parapluie ? … As-tu quelque chose pour la quête ? … As-tu l’heure exacte ? » – finalement, on se met en route. Et survient la question d’un enfant – souvent décalée par rapport à l’urgence du moment, mais au fond, une bonne question: « Au fait, pourquoi va-t-on à la messe ? »
On l’a peut-être oublié : on ne va pas à la messe comme au cinéma pour s’asseoir et regarder, sinon le film risque de paraître ennuyeux et le fauteuil inconfortable ; on ne va pas à la messe par envie, sinon le rite semblera trop répétitif alors que les envies sont changeantes. Vue d’un regard extérieur à la foi, il est impossible d’apprécier ce qui s’y vit de l’intérieur. L’Épître aux Hébreux nous rappelle en quelques mots le cœur, l’enjeu de l’Eucharistie: « célébrer le culte du Dieu vivant ». Ce qu’on pourrait traduire en ces termes : il nous faut entrer dans le mouvement vital auquel Dieu nous convie. Entrer au banquet des noces de l’Agneau, vivre la Rédemption comme un don sans cesse renouvelé, célébrer la vie divine offerte à l’humanité, laisser Dieu nous unir en Lui par Jésus-Christ comme un seul Corps, nous alimenter de la Parole et du Pain de Vie qui refont nos forces sur la difficile route de cette vie. Découvrir finalement que la messe est au centre de tout. Au centre de notre existence, au centre de la ré-union des hommes à Dieu et entre eux, au centre de l’histoire du Salut, depuis la création jusqu’à la Parousie.
Voilà pourquoi, sans doute, cette fête de Corpus Christi est bien utile : en fêtant le Corps et le Sang du Christ, nous sommes invités à redécouvrir pourquoi nous sommes ici. C’est très bien d’aller à la messe. La vivre, c’est beaucoup mieux.
Père François Contamin
CELEBRER LE CULTE DU DIEU VIVANT