Edito de la semaine
Contraints de fuir comme Jésus-Christ
Tel est l’intitulé du message du Pape François pour la 106ème journée mondiale du migrant et du réfugié, célébrée ce dimanche. Il y évoque la fuite de la Sainte Famille en Egypte et pense plus particulièrement aux déplacés internes, ceux qui fuient la guerre, la famine, la persécution, au sein même de leur propre pays, dont le nombre s’élève aujourd’hui à plus de 50 millions dans le monde.
Pour nous qui avons la chance de vivre dans un pays en paix, quelle est notre attitude par rapport à celles et ceux qui fuient leur pays et arrivent chez nous, pour les accueillir, les protéger, les promouvoir et les intégrer comme nous y appelait déjà le Pape en 2018 ?
Nous avons souvent peur de l’étranger, nous nous méfions de l’inconnu, de celui qui parle une autre langue, qui a une culture différente. Les migrants ne sont pas des ensembles d’hommes, de femmes et d’enfants sans visage mais des personnes qui ont une histoire, des sentiments, des talents. Cette année, la crise sanitaire peut nous aider à ressentir le drame des migrants avec moins de distance. Comme le dit le Pape, « nous pourrons comprendre que cette précarité dont nous avons fait l’expérience dans la souffrance à cause de la pandémie est un élément constant de la vie des personnes déplacées ».
Le Pape nous appelle à « connaître pour comprendre », c’est-à-dire à nous arrêter, à engager une conversation avec l’étranger qui croise notre route. Prenons-nous ce temps pour parler avec celui ou celle qui entre dans notre ville, notre quartier, notre église ? Un regard, un sourire, un mot peuvent dévoiler des trésors d’humanité. Le Pape nous demande aussi « d’impliquer pour promouvoir ». Toute personne a des talents. Permettre aux migrants de les exprimer nous fait découvrir leurs richesses et leur donne de se sentir reconnus. Combien de sans-papiers travaillent dans la clandestinité et sont indispensables pour les gardes d’enfants, de malades, pour le travail dans l’agriculture, la restauration, le nettoyage ? Ce sont souvent des étrangers qui ont fait le travail pénible et indispensable pendant le confinement, les « premiers de corvée ». Le Pape nous le dit : « la pandémie nous a rappelé combien la co-responsabilité est essentielle et que ce n’est qu’avec la contribution de tous qu’il est possible d’affronter la crise ».
L’Evangile de ce jour nous propose d’aller au travail de la vigne du Père, alors, chacun à notre niveau, faisons notre part, allons-y !
— François Demaison, diacre permanent
Contraints de fuir comme Jésus-Christ