« Jésus quitta Nazareth et vint s’établir à Capharnaüm » (Mt 4:13).
Les déménagements marquent des tournants dans la vie. Beaucoup en font l’expérience :
aller habiter un autre lieu, c’est orienter nouvellement son existence. D’ailleurs, l’évangile de Matthieu souligne ce nouveau départ : « À partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer… »
Quitter Nazareth pour Jésus, c’est laisser le lieu de la vie enfouie, du silence, le lieu de la croissance et de la stabilité : le temps où il travaillait de ses mains, où il était simplement l’un des habitants du village, est maintenant révolu. Vient le temps de la marche, de l’annonce, le temps où Jésus s’expose à son peuple : il parcourt toute la Galilée, enseigne, proclame la Bonne nouvelle du Royaume et guérit.
Et l’Évangile nous présente ce temps nouveau comme une épiphanie – encore une ! La lumière surgit pour ceux qui marchaient dans les ténèbres, Dieu visite son peuple. L’oracle d’Isaïe s’accomplit aux confins d’Israël, dans cette Galilée des nations méprisée, loin de la capitale et du Temple.
Mais avant de rejoindre les grandes foules, il marche. Seul. Au bord de la mer. La grande lumière annoncée n’éblouit pas encore. Il appelle quelques pêcheurs à le suivre, ils se mettent à marcher avec lui.
Saurons-nous, nous aussi, reconnaître sa lumière ? Nous préférerions la grande clarté, l’éblouissement, tout de suite. Mais le Christ n’a jamais cherché à éblouir. Il a voulu s’établir à Capharnaüm, dans ces terres obscures, sachant qu’il faut du temps au coeur de l’homme pour se mettre en marche.
C’est pour nous qu’il a déménagé. Pour que nous mettions nos pas dans les siens. Pour que dans nos obscurités, là où nos vies restent marquées par les ténèbres, sa lumière puisse nous entraîner, nous aussi, à sa suite.
Déménagement