Dans la tranquille synagogue de Nazareth, un événement émeut les habitants. L’enfant du village, le « fils de Joseph » est revenu et prend la parole. Parti depuis quelque temps déjà, on a entendu des choses étranges à son sujet. Que va-t-il dire maintenant chez les siens ?
Des paroles de grâce sortaient de sa bouche…
Voilà qui suscite l’étonnement. Pas la joie. Ni la foi. Ni la colère, encore. On pourrait plutôt dire : l’attente. Ce subtil moment où l’on ne sait pas encore que penser, où l’on peut basculer dans l’émerveillement ou le refus. Un écho de l’interrogation de Nathanaël dans l’évangile de Jean : De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? (Jn 1,46) Un questionnement pour tous : si c’est vraiment le Jésus que nous connaissons bien, comment peut-il parler ainsi ? D’où tient-il donc tout cela ? (Mt 13,56) Trop proche de nous pour être vrai, trop loin de nous pour être nôtre.
Ce sera le même étonnement, dans les Actes des Apôtres, des membres du Sanhédrin devant l’assurance de Pierre et Jean qui parlent et agissent avec puissance, des gens quelconques et sans instruction, des compagnons de Jésus.
C’est le même étonnement auquel notre foi est confrontée chaque fois que nous nous approchons de Jésus : s’il paraît trop proche, on doute de lui ; s’il semble trop loin, on ne peut le rejoindre.
C’était déjà l’étonnement de Moïse devant le buisson ardent : Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire … (Ex 3,3)
L’étonnement a deux versants, deux issues : la foi ou l’incrédulité. L’accueil du mystère ou le rejet de l’insaisissable. A Nazareth, ce sera finalement le rejet. Et saint Marc conclura par l’étonnement de Jésus lui-même à cause du manque de foi des siens. A Fontenay, peut-on espérer mieux ? Dans quel sens Jésus nous étonnera-t-il, sur quel versant nous conduira notre étonnement ?
Père François Contamin
ETONNEMENT