J’attire cette semaine plus particulièrement votre attention sur la première lecture de ce dimanche, tirée du livre de la Sagesse. Ce livre admirable et riche nous fait entrer de plein pied dans une autre approche de l’existence. Si nos contemporains prétendront défendre leurs mérites en se targuant de « professionnalisme », « de compétence » ou de « bonne gouvernance » signifiant leur rare efficacité, les Anciens préféraient cultiver chez eux la contemplation avec l’action. Le Sage est une sorte de visionnaire au sens pratique, d’homme d’action qui ne sacrifie pas aux lois de l’urgence et de la nécessité, le sens de l’équité. Il n’était ni un ermite reclus, ni un cadre supérieur hyper-diplômé. La Sagesse concentre et amalgame les quatre vertus cardinales, la justice, la tempérance, la force et la prudence, et, sans doute, leur fait porter leur fruit dans les trois vertus théologales, la charité, l’espérance et la foi. Ce sont les qualités personnelles mises au service des qualités qui conduisent à Dieu.
Le Sage de l’Ancien Testament n’est pas seulement un homme accompli, ayant éprouvé le prix à payer pour ne pas laisser la bride lâche sur les appétits du corps, il est aussi un illuminé. Je n’entends pas ici un des doux dingues qui les yeux perdus dans un infini cotonneux donne l’impression de glisser entre deux nuages. L’illuminé est celui qui voit dans la création la lumière de la main du créateur. Il nomme Sagesse, non pas la somme de ses propres qualités, mais l’empreinte « digitale » de Dieu dans la matière, l’espace et le temps. Il en parle souvent comme si la Sagesse était une femme, parfois même en termes quasi-amoureux, comme si la toile de fond du cosmos était la caisse de résonnance de la miséricorde de Dieu. La Sagesse devient la voie de la reconnaissance de Dieu, dans les plis de la création.
Normalement, les vacances nous ont positivement distraits et nous offrent un esprit neuf pour cette rentrée. Pourquoi ne pas alors ambitionner de devenir des Sages ?
P Antoine Devienne
La sagesse de la rentrée