Il est une loi de la nature, un mouvement universel de la vie : toute naissance est une sortie vers le dehors, une venue au jour, une mise en lumière. Résister à ce mouvement, c’est perdre la vie.
Ainsi en est-il de la vie spirituelle : ce qui surgit au plus intérieur tend à s’exprimer, à s’exposer au monde pour que la grâce divine puisse s’y déployer. Laisser l’Esprit-Saint vivifier notre âme, c’est accepter ce mouvement vital qui la mène au-delà de son cocon premier pour lui donner des ailes.
A l’inverse, se recroqueviller sur ce que nous sommes, vivre notre foi comme une carapace qu’il faudrait durcir pour la préserver, voilà qui est mortifère pour l’âme. Il n’est de foi vivante que dans le risque – c’est-à-dire dans une rencontre féconde du monde qui nous entoure. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée – autrement dit isolée, littéralement « placée sur une île. » En vérité, la foi se meurt dans l’isolement, elle ne se vit que dans la rencontre : rencontre du Dieu vivant qui nous pousse à la rencontre des autres, qui transforme le monde en même temps qu’elle renouvelle l’Eglise et chacun de nous-mêmes. Voilà qui fait de nous le sel de la terre et donne au monde une véritable saveur.
Cela peut nous faire peur : n’allons-nous pas nous perdre en nous exposant ainsi ? Mais se risquer à l’extérieur, ce n’est pas être jeté dehors. C’est bien plutôt dans un air de «renfermé» que le sel perd sa saveur et la lumière, sa raison d’être. Il est donc salutaire de vérifier que notre foi nous conduit au-delà de nos limites, que nos communautés vont plus loin que les horizons déjà trop connus où elles pourraient se complaire, que nous laissons l’Esprit-Saint agir librement et mener nos âmes au dehors, les tourner à l’extérieur : notre lumière brillera devant les hommes parce que nous aurons accepté de venir au grand jour.
Père François Contamin
VENIR AU JOUR