« Frères soyez toujours dans la joie du Seigneur » dit saint Paul.
Comment trouver ce secret de la joie ? Comment trouvez ce trésor inestimable qui nous rend plus aimable, plus entrainant ? Comment être joyeux quand nous portons des soucis personnels et sommes témoins des dérives de notre société ? Par exemple, l’autorisation de la recherche sur l’embryon a de quoi nous attrister. Le vote du Sénat, dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 décembre autorise « sous conditions » la recherche sur l’embryon humain et les cellules souches. Cette loi qui sera examinée à l’assemblée nationale sous peu, remet en cause le principe même de l’interdiction, tenue jusqu’alors, pour poser le principe de l’autorisation.
Mettant en garde ses contemporains de l’après-guerre, l’écrivain Bernanos avait bien raison lorsqu’il affirmait : « si vous êtes assez naïf pour croire que les expériences monstrueuses des savants nazis ne seront pas reprises un jour (…) qu’elles ne sont pas dans l’esprit de cette civilisation technique… libre à vous d’entrer dans le laboratoire !… ». Certes Bernanos avait l’excès des prophètes, mais ses mises en garde n’ont pas perdu de leur pertinence. Certains le trouvaient pessimiste. Pourtant, c’est le même Bernanos, profondément chrétien, qui parlera aussi de la joie : « L’Eglise, disait-il, dispose de la joie, de toute la part de joie réservée à ce triste monde ». C’est en ce sens que le chrétien peut être dans la joie au coeur même de l’adversité.
C’est de cette joie profonde dont nous parle saint Paul ce dimanche, la joie du Seigneur. Plus précisément la joie que procure la foi dans le Seigneur. Une foi nourrie par la lecture fréquente de la Parole de Dieu où Celui-ci parle à notre coeur troublé par les obscurités de ce monde. C’est ce que le psaume 105 précise: « Joie pour les coeurs qui cherchent Dieu » et encore :
«Soyez dans la joie, priez sans cesse » (1 Th 5, 16).
Si donc nous pouvons connaître de vraies joies en ce monde, celles-ci ne sont pas un objectif à atteindre. Au contraire, la joie est le fruit mur d’une recherche de la vérité, d’une relation authentique, de la justice, du travail bien fait, du partage, de l’amitié, de l’amour ou de la charité.
La joie n’est donc pas première. C’est ce qui fait dire à Jésus dans l’Evangile : « Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent ». Ainsi, si la joie était le but, elle nous ferait délaisser ceux avec qui nous devons pleurer. La joie est donc soumise à la charité, c’est-à-dire à l’amour. Notre devoir d’aimer le prochain passe avant notre joie. Le chrétien serait-il donc condamné à la tristesse ? Non, saint Paul le confirme par ailleurs, « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Ainsi, la joie fait bien partie du projet de Dieu pour chacun, du commencement au terme de notre vie.
Père Emmanuel Végnant
Quelle joie pour le chrétien d’aujourd’hui ?