Les lectures de ce dimanche nous interrogent sur notre manière de connaître l’autre. Nous le savons bien, il y a manière et manière de connaître quelqu’un, de se connaître soi-même aussi. Et, suivant cette manière, les “fruits” ne sont pas les mêmes.
Les gens de Nazareth croyaient tout savoir à propos de Jésus parce qu’ils connaissaient l’échoppe de Joseph ; mais ils ignoraient qu’en Jésus « Dieu était à l’œuvre, se réconciliant le monde » (2 Co 5,19). Il était plus facile d’accueillir des guérisons, des exorcismes qu’une révélation sur Jésus comme Messie d’Israël.
La même tentation nous guette lorsque nous jugeons nos frères : à force de voir en chacun le simple fils d’Untel, nous ne voyons plus en lui le fils que Dieu aime ; à force de jauger la vie d’un homme en fonction de son efficacité ou de ses limites, de son origine sociale ou ethnique, nous ne savons plus voir l’œuvre que Dieu fait en lui ou pourrait faire par lui.
La connaissance sans amour de quelqu’un n’est pas la vraie connaissance, la connaissance de soi-même sans amour, n’est pas la vérité. La connaissance qui enferme dans une étiquette, dans tel échec ou dans tel succès, dans un passé ou un présent figés, cette connaissance est vaine. Prolongeant St Paul, nous pouvons dire : « S’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. »
Dieu nous aime et nous accepte tels que nous sommes. Son amour nous veut libres. Sommes-nous prêts à nous confronter à notre propre liberté ? Comme les Nazaréens, nous voulons bien être religieux si la religion nous est avantageuse, mais nous ne sommes pas prêts à nous convertir, à nous libérer de nos esclavages, de nos péchés, de nos égoïsmes, de nos peurs …
Pourtant, le signe le plus grand, Jésus nous le donne quand Il dit : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » (Lc 4,21). Une telle révélation appelle à un changement de vie : c’est Jésus qu’il faut suivre désormais. Il faut passer de la position de celui qui reçoit à la position de celui qui s’engage. Pour que le cœur de l’Evangile batte en nous, pour que nous puissions partager à tous la joie de l’Evangile, comme nous y sommes invités, il faut que nos consciences s’éveillent : « C’est aujourd’hui que la Bonne Nouvelle s’accomplit » !
François Demaison, diacre permanent
Qui est l’autre ? Quel regard poser sur lui ?