La vie est compliquée et chargée, acceptons nos limites. Ainsi raisonnent ceux qui affrontent des responsabilités : la gestion d’une entreprise, l’éducation des enfants dans une famille, la vie d’une communauté dans l’Eglise, … Ils ont raison : on ne peut pas tout faire pour les autres, il faut qu’ils apprennent aussi à se débrouiller. Mais si l’on ne peut pas tout faire, la tentation serait de ne rien faire.
Ainsi les disciples fatigués en fin de journée par l’afflux des foules, alors que la faim se fait déjà sentir et que le lieu est désert : « Renvoie-les – disent-ils à Jésus – nous ne pouvons rien faire. » Lui n’est pas de cet avis : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Jésus n’aime pas les délégations trop faciles : s’en remettre à lui, ce n’est pas laisser les autres se débrouiller tout seuls.
Il est bon d’en reprendre conscience au moment où une centaine d’enfants de notre secteur communient pour la première fois. Il n’est pas temps pour les parents de vivre une spiritualité de la tranquillité : « Maintenant qu’il a fait sa communion, c’est une affaire entre lui et Dieu. » Non. C’est plus que jamais l’affaire des parents et plus largement, de toute la communauté chrétienne. Si l’aventure de la foi n’avait été qu’individuelle, Abraham n’aurait jamais eu de postérité. Une foi personnelle, c’est tout autre chose : guidée par les parents, accompagnée par la communauté, elle peut s’épanouir parce qu’elle trouve un soutien et un cadre où Dieu lui-même peut la rassasier, parce qu’elle introduit véritablement dans une communion.
« Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. » Autrement dit : prenez votre part dans l’édifice spirituel qu’est l’Eglise. Faites ce qui vous revient pour que Jésus puisse faire le reste. Répondez à la faim des plus jeunes. Regardez ce qui est entre vos mains et apportez-le pour que Jésus puisse le faire fructifier.
Il n’y avait au départ, ce jour-là, que cinq pains et deux poissons. Il est resté douze corbeilles ensuite. La faim a été rassasiée, la suite a été annoncée : si la foi nous nourrit, si l’Eucharistie nous rassasie, elle fait grandir encore notre faim de Dieu.
Suite et Faim