L’Évangile de ce dimanche raconte « une journée ordinaire » de Jésus. De la synagogue, Jésus se rend chez Simon. Là, il guérit sa belle-mère malade et, le soir venu, il accueille tous ceux qui attendent une libération dans leurs corps ou leur esprit. « Bien avant l’aube », il se retire « dans un endroit désert ». Il passe du bruit au silence, de la foule à la solitude, de la proximité avec chacun à la proximité avec Dieu. Puis un nouveau jour se lève et Jésus part ailleurs. Car il n’est pas venu pour les gens de Capharnaüm seulement : « Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle. Car c’est pour cela que je suis sorti. » Pour nous, comment cette journée ordinaire sera-t-elle accueil des signes de Dieu et sortie vers les autres ?
Je ne peux m’empêcher de faire le lien avec Madeleine Delbrêl, qui a vécu dans notre diocèse de 1933 à sa mort en 1964, dont nous avons appris le 26 janvier que le pape François venait de la déclarer vénérable, ouvrant la voie à sa béatification. Comme le rappelle notre évêque, « Madeleine est de notre temps. Elle nous a montré combien dans l’acte d’évangéliser, l’annonce de l’Evangile de Jésus-Christ et l’engagement dans le service des frères sont indissociables. Cette grande figure spirituelle est ancrée dans l’histoire de notre diocèse. Son témoignage continue et continuera d’éclairer notre présence de baptisés au cœur d’un monde marqué par l’incroyance. Elle est une “balise” pour les chrétiens du Val-de-Marne, mais aussi pour les chrétiens du monde entier. »
Vous connaissez certainement ce texte de Madeleine, extrait de « Nous autres, gens des rues » (1966), mais vous aurez plaisir à le relire pour mieux aborder cette nouvelle journée ordinaire :
« Il y a des gens que Dieu prend et met à part. Il y en a d’autres qu’il laisse dans la masse, qu’il ne “retire pas du monde”. Ce sont des gens qui font un travail ordinaire, qui ont un foyer ordinaire ou sont des célibataires ordinaires. Des gens qui ont des maladies ordinaires, des deuils ordinaires. Des gens qui ont une maison ordinaire, des vêtements ordinaires. Ce sont les gens de la vie ordinaire. Les gens que l’on rencontre dans n’importe quelle rue. Ils aiment leur porte qui s’ouvre sur la rue, comme leurs frères invisibles au monde aiment la porte qui s’est refermée définitivement sur eux. Nous autres, gens de la rue, croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis est pour nous le lieu de notre sainteté. Nous croyons que rien de nécessaire ne nous y manque, car si ce nécessaire nous manquait, Dieu nous l’aurait déjà donné. »
François Demaison, diacre permanent
Une journée ordinaire pour des gens de la vie ordinaire