Semaine du 22 au 28 mars 2020 – Année A
1 S 16, 1b.6-7.10-13a ; Ps 22 ; Ep 5, 8-14 ; Jn 9, 1-41
Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus guérit un aveugle de naissance et nous invite à changer notre regard sur le monde et à prendre conscience que les aveugles ne sont nécessairement ceux que l’on pense. Tout d’abord, alors que les Pharisiens et nombre de leurs contemporains pensaient qu’une infirmité était une punition divine, Jésus affirme clairement qu’il n’en est rien et que « Ni lui, ni ses parents n’ont péché » (Jn 9, 3). Par ces quelques mots, Jésus libère les personnes en situation de handicap et leurs parents du poids énorme d’un sentiment de culpabilité injustifié que faisait peser sur elles la perception erronée de la réalité qu’avaient les gens à cette époque. Dans cet Évangile, Jésus nous invite à changer notre façon de voir les choses et à prendre conscience avec humilité que nous sommes souvent aveuglés par nos péchés qui nous empêchent de voir la lumière qui « a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité » comme nous le dit St Paul dans la 2ème lecture (Ep 5, 8-14). Tous les ans, pendant le Carême, nous sommes invités à prendre un peu de recul pour réfléchir à ce qui est vraiment important dans nos vies, à faire le choix d’opérer une véritable conversion (i.e. « un changement de direction ») dans notre manière de vivre pour nous recentrer sur l’essentiel, …et nous y parvenons avec plus ou moins de bonheur.
Cette année, la pandémie du Covid-19 nous oblige à une période de confinement. C’est une épreuve difficile et elle l’est encore plus si nos proches ou nous-mêmes sommes affectés par la maladie. Du point de vue économique, c’est également une période difficile pour beaucoup d’entre nous (chômage technique, perte d’activité). Pour faire face à la crise sanitaire, nous sommes obligés de revoir nos priorités, de mettre au second plan les considérations économiques et de nous recentrer sur ce qui est réellement essentiel que nous avons parfois tendance à négliger: la santé, la famille, les proches, la solidarité, l’attention aux plus vulnérables, la prière. De façon positive, nous pouvons aussi y voir l’occasion pour prendre le temps de nous retrouver, approfondir notre relation avec les autres et avec Dieu. Dans toute épreuve, nous pouvons choisir d’y voir la partie « ténèbres » ou la «lumière » et des signes d’espoir à travers une humanité capable de se mobiliser. Une fois la crise passée, nous aurons le choix d’en tirer ou pas des enseignements pour un changement de direction plus durable dans notre façon de vivre, pour un monde plus humain et solidaire, plus soucieux des générations futures et de la planète, « notre maison commune ». En tant que Chrétiens, nous sommes appelés dans la foi à garder confiance et espoir, à voir et à montrer la direction de la « lumière ».
Bon courage pour cette période de confinement et bon carême !
Jacques Fertil, diacre permanent
Illustration : Guérison d’un aveugle Duccio di Buoninsegna (1260-1319) National Gallery (Londres)