par le père Stéphane Aulard, vicaire épiscopal,
à Sainte Marguerite de Fontenay-sous-Bois le 27 septembre 2015
Je suis heureux avec vous, frères et sœurs, d’accueillir officiellement dans notre diocèse de Créteil le Père Antoine Devienne qui devient le curé de la belle paroisse Sainte Marguerite dont je suis voisin comme curé de Notre-Dame de Vincennes. La paroisse Sainte Marguerite a en effet une particularité puisqu’elle s’étend à la fois sur le territoire de Fontenay et sur une partie de Vincennes.
Mais aujourd’hui, je ne suis pas venu comme curé de Notre-Dame de Vincennes ou comme responsable du secteur pastoral de Saint-Mandé-Vincennes, mais bien comme vicaire épiscopal. C’est donc au nom de Mgr Santier que nous allons procéder à l’installation canonique du Père Antoine et le remercier d’intégrer l’équipe des prêtres du secteur pastoral et plus largement l’équipe pastorale de ce secteur que je connais bien depuis 1983, période où je fus en insertion pastorale à Saint Germain pendant ma formation au séminaire.
C’est aujourd’hui fête à Fontenay puisque dans quelques heures nous allons nous retrouver au centre pastoral Saint Germain qui est un bel outil au service de la vie chrétienne de tous les fontenaysiens.
Installer un curé, c’est installer un pasteur au sens fort de ce mot, c’est-à-dire un prêtre qui a une mission de conduite pastorale du peuple qui lui est confié sur un territoire paroissial. Les tâches du curé sont connues : annoncer l’Évangile, sanctifier par les sacrements et la prière ceux qui résident dans ce quartier de Fontenay et gouverner la paroisse en prenant soin de susciter la communion entre tous ceux et celles qui sont ici.
Il me semble que les lectures bibliques de ce dimanche peuvent constituer une boussole tenue par le curé et ceux qui l’entourent : les autres prêtres, l’Equipe d’animation paroissiale, l’Equipe pastorale du secteur, les responsables des services et des mouvements ici présents.
Je vous propose maintenant quatre remarques s’appuyant sur les paroles de l’Écriture que nous venons d’entendre.
1 – le livre des Nombres comme tout le Pentateuque (la Torah) place en tête du peuple de Dieu notamment dans sa sortie d’Egypte puis sa traversée du désert une personnalité exceptionnelle : Moïse. Or, l’on voit dans l’extrait entendu à l’instant que Moïse avait l’esprit d’équipe puisqu’il s’entoura de 70 anciens destinés à gouverner ce peuple à la nuque raide parfois et peut-être en train de découvrir la difficile liberté quand on sort de l’esclavage. Un curé prend soin du peuple qui lui est confié (c’est d’ailleurs l’étymologie du mot « curé »). Prendre soin, nous y sommes attentifs parce que cela constitue l’invitation de notre synode diocésain actuellement en cours. Il s’agit de prendre soin à la manière de Jésus Christ, l’ami de tous, qui sait se rendre proche, écouter et enseigner avec force et bonté. Le livre des Nombres découvre que la solitude du chef est rude, qu’il est nécessaire d’avoir des équipes avec des personnes bien reconnues et avisées. Il y en a ici bien évidemment. Mais le texte ensuite va plus loin indiquant comme dirait le pape François une périphérie où d’autres travaillent aussi pour le peuple et son Seigneur. Ce qui conduit Moïse à s’exclamer : « Ah si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11,29). La joie des pasteurs c’est de voir des chrétiens se lancer dans l’évangélisation et le soin des autres sans compter. La joie des pasteurs qui monte en action de grâce c’est de voir combien l’Esprit Saint travaille avant même que nous n’y songions parfois. Le Père Antoine vient après d’autres pasteurs dont le P Michel d’Anglejan que nous n’oublions pas ! Notre joie à tous frères et sœurs doit être de nous réjouir quand des personnes deviennent chrétiennes, des enfants et des familles grandissent dans la foi, des responsables se lancent… Demandons ensemble au Seigneur qu’il nous convainque de cela et nous unisse au service de l’Evangile qui ne connaît pas de frontières !
2 – Ma deuxième remarque s’appuie sur le passage de l’épître de Jacques qui a dans son œil de mire les riches d’une communauté qui se montrent souvent méprisants à l’encontre des pauvres. Je ne suis pas en train de dire que cela se passe ainsi à Sainte Marguerite. Je suis simplement en train de rappeler que l’appel à la sobriété, le regard ouvert à tous dans nos communautés est une exigence évangélique. Un curé, comme toute personne a ses origines sociales, ses goûts. Il peut être plus spontanément en phase avec telle ou telle sensibilité. Mais il est appelé à s’intéresser à tous comme Jésus le fit. Il doit aussi permettre à chacun de trouver sa place dans la paroisse. Si dans notre Eglise nous n’allons pas dans ce sens alors que notre société est souvent injuste, nous n’annonçons rien de différent et nous reproduisons des modèles injustes. Je vous souhaite à tous de vous découvrir mutuellement, de vous estimer et de prendre soin les uns des autres. N’oubliez pas non plus, chers paroissiens, de prendre soin de votre curé !
3 – J’en viens à l’Évangile et recueille cette parole de Jésus qui m’a touché : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous ! » Nous voyons là la grande ouverture de cœur du Seigneur qui ne s’intéresse pas uniquement à ceux qui nous sont directement acquis. Son regard est large et sa réflexion a de l’ampleur. Car ils sont nombreux ceux qui ne sont pas contre nous même s’ils ne sont pas des pratiquants du premier cercle. Il faut développer des relations cordiales et fraternelles avec le plus grand nombre pour proposer l’Evangile et son art de vivre. A cet égard, il est important dans une ville comme Fontenay de développer les contacts avec les autres Eglises et religions ce qui existe avec le GIF, le groupe inter-religieux, qui a fêté récemment un anniversaire. Il est important aussi de développer des liens avec les associations, avec ceux qui prennent soin de leurs concitoyens dans un engagement politique sérieux. Soyons fraternels pour que le Nom de Jésus apparaisse de plus en plus comme celui d’un ami ! Poursuivez donc ensemble votre chemin de fraternité ici et dans tout Fontenay.
4 – Je termine avec l’évocation de l’œil et de la main qui peuvent s’avérer mauvais ou bienveillants. Dans l’Evangile Jésus a toujours sur tout être un regard profond et bon et sa main est salvatrice. Que notre regard soit contemplatif, large, beau. Que nos mains se joignent pour la prière et pour le travail commun. Donnez la main à votre curé pour l’encourager. Portez sur lui un regard bienveillant. Fuyons ensemble les jugements hâtifs qui nous font du mal. Souvenons-nous de la parole de ce Père de l’Eglise du deuxième siècle –Tertullien- qui dans une apologie destinée aux païens de son temps disait à propos des chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ! » C’est vraiment ce que nous avons de mieux à réaliser ensemble.
Cher Père Antoine, bienvenue dans le diocèse de Créteil. Bienvenue à Fontenay et à Sainte Marguerite. Chers amis de cette belle ville de Fontenay j’ai envie de vous redire la parole exergue de notre synode diocésain : « Avec Lui Jésus, prenons soin les uns des autres et partageons à tous la joie de l’Evangile. » Amen.
Père Stéphane AULARD
Homélie pour l’installation canonique du Père Antoine Devienne