Un quai brumeux et déserté, un homme au feutre détrempé qui le protège mal d’une pluie givrée, une valise à la main : l’individu va s’enfoncer dans l’obscurité de la nuit vers sa destination, en l’occurrence son nouveau presbytère… On pourrait de manière très cinématographique imaginer l’arrivée d’un nouveau prêtre, entre la prestation angoissante de Max von Sydow dans « L’exorciste » et la nonchalance assurée de Lee Van Cleef dans « Pour quelques dollars de plus ». Grâce à Dieu, le prêtre n’est pas un loup solitaire et tragique et sa venue dans une paroisse et dans un secteur est pour lui, – et je l’espère pour ses futurs paroissiens –, un motif de réjouissance.
Il existe en effet une relation très particulière entre un prêtre et ses paroissiens. Elle est difficile à décrire car elle est tout à la fois faite de compagnonnage, d’amitié, de conduite pastorale, de chaleur familiale. Le nouveau prêtre n’arrive pas dans sa nouvelle paroisse quand il a refermé la porte du presbytère derrière lui, mais quand il a ouvert celle de ses paroissiens. Il n’arrive pas quand il a pris possession de la sacristie mais quand il commence à savoir le nom de chacun. Il n’arrive pas quand il ferme le lectionnaire à la fin de la messe de manière machinale, mais quand il voit dans le regard des Chrétiens qui lui sont confiés l’accueil de l’Évangile. Un prêtre arrive réellement dans sa paroisse quand il garde précisément leur visage dans sa prière.
Il faut donc du temps pour qu’un prêtre arrive, car il ne suffit pas qu’il laisse tomber sur le sol sa valise détrempée. C’est ma joie que de prendre ce temps, car je sais que c’est celui que la providence nous réserve, car c’est le mystère de la vie chrétienne et sacerdotale que Dieu dispose pour nous. N’ayez donc pas peur de me souhaiter la bienvenue !
P. Antoine Devienne +
L’arrivée d’un nouveau prêtre